Cuir animal, cuir végétal, cuir vegan et alternatives au cuir

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Dans l’industrie de la mode, l’appellation cuir vegan se répand et sème la confusion chez les consommateurs. Le terme vegan évoque souvent l’écologie et la nature dans l’imaginaire collectif, alors que des marques l’utilisent en réalité pour qualifier des produits fabriqués à partir de matières synthétiques et polluantes.

D’autre part, le terme cuir est encadré par la loi et désigne, par essence, une matière d’origine animale. On comprend donc rapidement que l’association de ces deux termes est un abus de langage très paradoxal. Pour autant, il existe de plus en plus de matières innovantes, pouvant être des alternatives au cuir, qui méritent d’être mises en lumière !

Dans cet article, découvrez les différences entre le cuir animal, le cuir végétal, le cuir vegan et les matières innovantes, ainsi que leurs impacts respectifs.

Cuir animal et cuir végétal (origine animale)

C’est quoi le tannage Jamy ? Le tannage est le procédé chimique qui permet de transformer la peau (putrescible) en cuir (imputrescible) à l’aide de tanins. C’est aussi grâce à cette étape que le cuir devient résistant à l’eau, à la chaleur et à l’abrasion.

Tannage au chrome

Le cuir traditionnel, celui dont on parle sans précision particulière, est le cuir animal tanné au chrome. On appelle ce procédé le tannage minéral puisque les tanins utilisés sont des sels de chrome, et des sels d’aluminium ou sels de zirconium principalement. La majorité du cuir est fabriquée à partir des « déchets » (peaux) de l’industrie alimentaire. Le tannage au chrome constitue la technique la plus simple et la plus rapide, donc la plus répandue aujourd’hui. Il représente plus de 80% de la production mondiale de cuir. Ce procédé confère aussi des qualités indéniables à la matière finie, notamment concernant la couleur qui peut être plus vive et qui ne bougera pas dans le temps. Le problème ? Son impact désastreux sur l’environnement et la santé !

Les rejets d’effluents industriels liés à ce traitement sont chargés en métaux lourds. Si des réglementations strictes permettent d’en limiter l’impact en Europe, ce n’est pas le cas dans le reste du monde, où la majorité des marques font produire afin de limiter leurs coûts. En Asie, les déchets toxiques sont rejetés dans les rivières et champs, polluant l’eau et les sols jusqu’à dérégler les écosystèmes. Ces intrants empoisonnent également les populations locales qui utilisent l’eau des rivières au quotidien, ainsi que la chaîne alimentaire via l’irrigation et les animaux qui les ingèrent. Malheureusement, l’impact sanitaire ne s’arrête pas là, les travailleurs des tanneries sont victimes de multiples infections et maladies en raison du manque de réglementation dans ces pays.

Tannage végétal

Le cuir dit végétal est en réalité également un cuir d’origine animale, traité à l’aide de tanins végétaux (écorces d’arbres, de feuilles ou de racines) choisis en fonction du type de peau et des propriétés attendues. Ce procédé permet de minimiser l’impact du processus de traitement du cuir. Cependant, il est désormais peu utilisé en raison du temps qu’il nécessite et de la qualité moindre de la matière finie, qui sera beaucoup plus rigide. Pour cette raison, le tannage végétal est couramment employé pour la fabrication de semelles, de selles, de bandoulières, de poignées de sacs, dans l’ameublement, etc.

Cuir vegan et matières innovantes (origine synthétique ou végétale)

Simili-cuir dit cuir vegan

Très souvent appelé cuir vegan pour verdir la communication, le simili-cuir, aussi appelé « skaï », n’est rien de plus que du polyester, du PVC ou du polyuréthane. Comme pour toute matière synthétique, sa fabrication nécessite du pétrole et des intrants chimiques hautement polluants lors de la transformation. Il ne s’agit tout simplement pas d’une alternative écologique, mais le simili-cuir comporte l’avantage d’éviter la souffrance animale directe. Toutefois, cet argument est à relativiser puisque la production de plastique est à l’origine de procédés d’extraction et transformation très énergivores, ainsi que de déchets non biodégradables. La fabrication du simili-cuir, ou cuir vegan, contribue donc au dérèglement climatique responsable de la souffrance globale des espèces animales. Le plastique recyclé est par contre une alternative plus vertueuse qui constitue une solution intéressante.

Alternatives végétales au cuir

De plus en plus de néo-matières voient le jour pour répondre à la demande grandissante d’alternatives écologiques au cuir animal et au simili-cuir. Ces matières innovantes sont conçues à partir de fibres végétales (peau de fruit, cactus, champignon, eucalyptus…) naturellement biodégradables. On pourrait alors se dire qu’il s’agit de la solution miracle… mais une fois encore, la nuance est de mise. Ces matières posent deux problématiques principales. D’une part, la qualité n’arrive pas encore à la hauteur de celle du cuir, d’où la difficulté des marques à investir dans ce genre de matériaux couteux pouvant décevoir les clients niveau durabilité. D’autre part, ces néo-matières ne sont pas 100% végétales ! Elles sont en réalité composées d’un mélange entre des fibres végétales et du synthétique, renvoyant alors aux enjeux du simili-cuir. À ce jour, le liège reste l’alternative la plus écologique et solide au cuir, bien que son aspect visuel ne soit pas réellement similaire.

Mais finalement, lequel choisir ?

Comme pour beaucoup de choses, tout n’est pas noir ou blanc. À juste titre, le sujet divise car les différentes options se défendent. En fin de compte, tout dépend des conditions de fabrication, et des priorités de chacun d’entre nous. 

Que l’on choisisse l’un ou l’autre de ces cuirs, voici nos conseils :

- N’acheter que si c’est un besoin et avoir conscience de l’impact.

- Se renseigner sur la marque en amont : matières premières, conditions de fabrication, traitements utilisés.

- Privilégier la qualité pour ne pas avoir à renouveler l’acte d’achat trop rapidement.

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